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LAI DE L’ÉPINE

Le jour même de l’arrivée de son fils, le monarque manda à sa cour ses barons et ses hommes, à l’occasion d’une contestation qui s’étoit élevée entre deux de ses vassaux, et qui fut terminée à l’amiable. Le roi profita de la circonstance, pour raconter l’aventure du jeune prince, lequel avoit été garder le pas d’armes au gué du buisson d’épines ; comment il y avoit trouvé la jeune personne ; puis fit le détail des combats qu’il avoit soutenus et du bon cheval qu’il avoit conquis sur un des tenants.

Le prince, de loin ou de près, eut toujours le plus grand soin de ce cheval qu’il commit à la garde de plusieurs écuyers ; il épousa peu de temps après sa tendre amie qui se servit toujours du bon destrier. Ils le conservèrent long-temps encore ; mais un jour que le prince lui ôta sa bride, il mourut sur-le-champ[1].

  1. Je regrette bien de n’avoir pas découvert un second manuscrit pour confronter. Car voilà un cheval à la conservation duquel on semble attacher une grande importance, et sur lequel le poëte devoit avoir fourni des renseignements.