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LAI D’ELIDUC.

te-t-il pas des signes certains pour lire dans le cœur humain ? Allons, allons, mon ami, préparez-vous. Madame, je suis prêt. Vous irez de ma part saluer mille fois le chevalier ; vous lui remettrez cet anneau d’or et ma ceinture. Le chambellan part et peu s’en faut que la princesse ne le rappelle ; mais elle le laisse aller et se désole en attendant son retour : Que je suis malheureuse de m’être attachée à un étranger, car j’ignore sa naissance et s’il restera longtemps dans le royaume. Je serai donc dans la douleur, il faut en convenir, j’ai agi bien légèrement. Je lui parlai hier pour la première fois et aujourd’hui je le requiers d’amour. Sans doute qu’il va me blâmer ; non, il est brave, il est galant sans doute et me saura gré de ma démarche. S’il ne veut pas m’écouter, je me regarde comme la plus infortunée des femmes, jamais je n’aurai de plaisir en ma vie.


Dans l’intervalle que la princesse se désoloit, le chambellan se hâtoit d’exécuter