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LAI DE MILON.

cygne entre les mains de la dame qui, en lui caressant la tête et le col, s’aperçoit qu’une lettre est cachée sous la plume. Elle tressaille, et la rougeur lui monte au visage. Quel autre que son amant peut avoir employé un semblable moyen ? Elle fait récompenser l’écuyer et demande à rester seule. À peine les hommes sont-ils partis qu’elle mande une jeune personne sa confidente, pour l’aider et lui demander conseil. On détache la lettre dont le cachet brisé laisse lire la signature de Milon. Cette tendre amante baise cent fois en pleurant ces caractères, sans pouvoir parler. Elle apprend le détail de toutes les peines et des chagrins que son ami a soufferts nuit et jour pour elle. En vous, lui mandoit-il, est ma vie ou ma mort. Tâchez de trouver le moyen de pouvoir nous parler si vous voulez que je vive. Le chevalier, dans sa lettre, prioit sa dame de lui renvoyer sa réponse par le cygne, qu’elle priveroit de nourriture pendant trois jours avant de le laisser partir. Vous pouvez être assurée qu’il reviendra aux lieux d’où il est parti, et qu’il me rap-