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LAI DE MILON.

étoient jaloux de ses succès, d’autres l’aimoient pour sa prouesse, et nombre de princes avoient pour lui une grande estime.

Dans son pays étoit un baron, dont le nom ne me revient pas, lequel avoit une fille charmante. Le récit des hauts faits de Milon lui étant parvenu, ils inspirèrent une violente passion à cette jeune personne qui le fit prévenir des sentiments qu’elle avoit pour lui. Le chevalier flatté d’apprendre une nouvelle aussi agréable, s’empresse de remercier la demoiselle, lui jure un amour sans fin, et lui dit cent choses pareilles. Il récompense généreusement le messager porteur de la nouvelle. Mon ami, lui dit-il, j’exige de votre amitié que vous me fassiez obtenir un rendez-vous avec ma belle, afin de nous entendre et de tenir nos amours secrètes. Vous lui remettrez mon anneau d’or, et lui direz que s’il lui plaît, elle viendra vers moi ou bien que je me rendrai auprès d’elle. Le messager retourne au château rendre compte de sa mission, et remet l’anneau qu’il avoit reçu. La demoiselle flattée de voir ses vœux accomplis, accepte