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LAI DE LANVAL.

On alloit donc prononcer lorsque de bruyantes acclamations indiquent l’arrivée de la dame qui venoit d’être annoncée. Elle étoit d’une beauté surnaturelle et presque divine. Elle montoit un cheval blanc si admirable, si bien fait, si bien dressé, que sous les cieux on ne vit jamais un si bel animal. L’équipage et les harnois étoient si richement ornés qu’aucun souverain de la terre ne pouvoit s’en procurer un pareil, sans engager sa terre et même la vendre. Un vêtement superbe laissoit apercevoir l’élégance de sa taille, qui étoit élevée et noble. Qui pourroit décrire la beauté de sa peau, la blancheur de son teint qui surpassoit celle de la neige sur les arbres, ses yeux bleus, ses lèvres vermeilles, ses sourcils bruns, et sa chevelure blonde et crêpée. Revêtue d’un manteau de pourpre grise qui flottait derrière ses épaules, elle tenoit un épervier sur le poing, et étoit suivie d’un lévrier[1]. Il n’y avoit dans la ville ni petit ni

  1. Cet oiseau et ce chien, signes de noblesse, annonçoient l’illustre origine de la maîtresse de Lanval.