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LAI DU FRÊNE.

que l’archevêque ; les chevaliers de la ville de Dol lui amenèrent la nouvelle épouse. La mère de Coudre avoit accompagné sa fille ; craignant que son gendre ne revînt à ses premières amours, elle vouloit lui conseiller de renvoyer Frêne, et de la marier à quelque homme de bien. Les noces furent très-belles, et pendant qu’on se livroit au plaisir, Frêne parcourut les chambres du château pour examiner si tout étoit en place et si rien ne manquoit. Il ne paroissoit point que cet hymen lui déplût, car elle avoit servi la nouvelle mariée avec tant de graces que les convives ne pouvoient revenir de leur surprise. Chacun louoit sa conduite, ses soins et son activité. La mère en admirant le courage, la patience, le bon cœur de Frêne, lui accorda son estime et son amitié. Ah ! si elle avoit reconnu sa fille, elle n’eût sans doute pas voulu lui enlever son ami. Toujours attentive, Frêne va faire dresser le lit nuptial. Quittant son manteau, elle montre aux chambellans la manière dont il falloit le faire pour se conformer au goût de leur seigneur. Le lit