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LAI D’ÉQUITAN.

l’homme assez osé pour enfreindre les ordres du souverain, et pour entrer s’il n’eût été appellé. Pendant ce temps, le sénéchal tenoit la cour, jugeoit les procès, écoutoit les réclamations. Aussi le prince l’estimoit-il autant qu’il aimoit la dame. Cependant il apprit que ses barons et ses sujets le blâmoient de ce qu’il ne prenoit pas une compagne. Ces bruits parvinrent à l’oreille de la femme du sénéchal, qui craignoit de perdre son amant. La première fois qu’elle vit Équitan,

    par le travail journalier auquel ils étoient assujettis, avoient moins besoin que d’autres, de pareils remèdes. Dans chaque couvent il y avoit des jours désignés pour employer ce remède que le concile d’Aix-la-Chapelle tenu en 817, défendit, en réglant que chaque religieux ne pourroit se faire saigner que lorsque sa santé l’exigeroit. Mais le préjugé l’emportant sur la loi du concile, il continua d’avoir lieu jusqu’au XVIe siècle. Ce temps de saignée générale s’appeloit jours malades, et jours de la minution del’ sanc. Les statuts des Chartreux leur permettoient, pour seul remède, la minution et le cautère, qu’ils pouvoient employer cinq fois l’année. Il en étoit de même des Prémontrés ; mais les Clunistes, les autres ordres et les Chanoines, étoient réduits au nombre de quatre saignées par an.