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d’indiquer en notes les variantes, pour les couplets communs à deux ou plusieurs manuscrits. Pour le ms C, qui est relativement moderne, nous avons négligé parfois les variantes purement orthographique ; mais nous avons cru devoir donner intégralement les variantes des mss. A, B et D, qui, étant plus anciens, peuvent fournir des leçons plus voisines de la véritable. Nous avons donné pour tous les couplets différents du poème une traduction au dessous de chaque couplet. Quand le texte n’offrait dans les divers manuscrits que des différences d’orthographe, ou des variantes peu importantes, nous nous sommes abstenus de traduire ces variantes et nous avons rejeté en note l’interprétation des mots ou des expressions nouvelles, qu’offrait, dans le nouveau manuscrit, le couplet déjà traduit. Un certain nombre de notes philologiques ou grammaticales accompagnent le texte et l’éclaircissent par un commentaire perpétuel.

Ceci dit pour justifier cette partie de notre travail, disons un mot de notre fableau. L’Évangile aux femmes[1] est composé, d’une suite de quatrains monorimes en vers de 12 syllabes. Il offre le plus souvent cette particularité remarquable que les trois premiers vers du quatrain font l’éloge de la femme, tandis que le dernier (ou les deux derniers) détruit cet éloge en indiquant une impossibilité évidente comme second terme d’une comparaison déjà exprimée au commencement du couplet

  1. Le ms. 4333 de la Bibliothèque Harléienne renferme un Évangile de fames inédit, qui commence ainsi :

    Anmors* art anmors et s’i esprent trop fort :
    Anmors sans desirier a meint prodome mort.

    On voit qu’il est conçu dans un esprit satirique, comme le nôtre, mais sur un plan différent. Je n’ai voulu du reste que prémunir le lecteur contre l’erreur qui pourrait résulter de la ressemblance du titre et faire croire qu’il y eût à Londres un ms. de notre fableau.

    *anmors signifie amour. Cette orthographe indique que le ms. a été écrit dans l’Est : l’n indique simplement l’allongement démesuré de la syllabe particulier à la Lorraine et à la Haute-Bourgogne.