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B.N. par C, et le ms. 298 Bib. Dijon par D. Les autres couplets sont, ou communs à deux ou trois manuscrits, ou bien spéciaux à un seul. Trois des mss., sur quatre, ont des couplets qui lui appartiennent en propre. Le ms. B, qui offre, après D, le texte le plus court (18 et 14 couplets), a un couplet qui ne se rencontre ni dans A, ni dans C, ni dans D, et qui n’est certes pas sans importance pour la discussion que nous entreprendrons plus loin sur l’origine et la paternité de notre fableau.

M. Jubinal a le premier publié l’Évangile aux femmes, dans son recueil intitulé Jongleurs et Trouvères, qui date de 1835. Il signale l’existence de trois des manuscrits que nous avons pu consulter ; mais il est loin d’en avoir tiré tout le parti possible. Prenant son bien où il le trouvait, il a refait un poème qui n’est ni celui du manuscrit A, ni celui du manuscrit B, ni celui des manuscrits C et D, mais où l’on trouve un peu de chacun des trois premiers ; le tout arrangé dans l’ordre qu’il a cru le meilleur, et qui nous semble tout-à-fait arbitraire. Il reproduit l’orthographe particulière de chaque manuscrit dans les couplets qui leur sont spéciaux. Quant à ceux qui sont communs à deux ou à trois manuscrits, il les écrit avec l’orthographe qui lui semble la meilleure, et souvent encore, il la rajeunit. À dire vrai, il prend un couplet dans un manuscrit, un couplet dans l’autre, un peu au hasard, sans se préoccuper des variantes ; ou s’il choisit quelquefois, il prend toujours le texte le plus clair, et par conséquent le plus moderne, croyant sans doute que tout ce qui n’a pas été facilement lu ou compris par lui doit être corrompu et incorrect. En un mot, M. Jubinal a donné sur l’Évangile aux femmes une édition de fantaisie à l’usage des gens du monde, d’où la critique est absente, et qui laisse parfaitement de côté tout ce qui pourrait fournir matière à interprétation. Il donne en note la signification d’une douzaine de mots plus ou moins difficiles ; mais il ne