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leurs larmes, mais à côté des malheurs trop réels de cette reine infortunée, il resta un vague souvenir qu’elle était poète. Toutefois ses poésies sont restées inconnues, jusqu’à l’heureuse trouvaille de M. Pawlowski dans le petit livre oublié de l’Évêque Leslie, dont nous venons de parler.

Rappelons cependant, qu’un hardi compilateur du xviiie siècle, le sieur Anne-Gabriel Meusnier de Querlon[1] osa donner des vers de sa façon pour ceux que la jeune reine Marie avait, soit-disant, composés en s’embarquant à Calais pour revenir en Écosse après la mort prématurée de son premier mari, François II, roi de France[2]. Et le public français a accepté parfaitement ce canard littéraire sans faire la moindre attention qu’une princesse presque contemporaine de Rabelais et de Clément Marot ne pouvait pas composer des vers en langage du xviiie siècle. Et cette erreur aurait pu se propager encore longtemps, si le susdit Meusnier de Querlon, n’eut écrit, dans un moment de franchise à un sien ami, le sieur Mercier, abbé de Saint-Léger, que le passage en vers, qu’il avait donné au public français n’était que le produit de son imagination et de sa verve poétique. Mais ce n’est pas seulement le public français plus ou moins lettré qui a admiré pendant longtemps les vers du faussaire ; le grand Frédéric Schiller, ce prince des poètes Allemands a cru probablement que c’était un monument de l’époque, puisque dans sa magnifique tragédie de Marie Stuart, il met dans la bouche de la reine une longue tirade qui n’est en somme que la reproduction des vers de Meusnier de Querlon que nous reproduisons d’après la biographie de Marie Stuart du grand dictionnaire biographique de MM. Michaud et Poujoulat, tome 27, page 102.

  1. Né à Nantes en 1702 et mort à Paris le 22 avril 1780.
  2. Il ne serait pas mal de rappeler aux Quercynois que le rapprochement entre la France et l’Écosse scellé par le mariage du dauphin avec Marie Stuart a été en grande partie l’œuvre d’un homme de Quercy, diplomate habile, Pierre de Lagarde, seigneur de Sagnes, dont la biographie est très incomplète dans l’ouvrage de M. Vidaillet et appelle en quelque sorte les hommes laborieux du pays à faire des recherches relatives aux faits et gestes de ce diplomate dans les archives de France et de l’Écosse.