Page:Marie Stuart - Vers authentiques de la reine Marie Stuart, 1884, éd. Malinowski.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 3 —

« Adieu, plaisant pays de France !
» Ô ma patrie
» La plus chérie,
» Qui as nourri ma jeune enfance !
» Adieu, France ! adieu mes beaux jours !
» La nef qui disjoint nos amours,
» N’a eu de moi que la moitié ;
» Une part te reste, elle est tienne ;
» Je la fie à ton amitié,
» Pour que l’autre il te souvienne. »

Assurément les véritables vers de Marie Stuart que M. Pawlowski a trouvé dans le bouquin de l’Évêque Leslie sont bien loin de présenter cette harmonie et cet agencement heureux qui caractérisent les pièces de vers français des deux derniers siècles. Mais dans la poésie, la plus belle pièce, qui n’est que la contrefaçon d’un ouvrage ancien, ne peut avoir aucune valeur aux yeux d’un véritable critique, comme un archéologue, digne de ce nom, ne conservera jamais parmi les médailles romaines une contrefaçon moderne, quand même elle serait l’ouvrage d’un très habile graveur.

Nous croyons donc faire plaisir aux amateurs de la littérature française en reproduisant ici les trois pièces de vers authentiques de Marie Stuart, croyant que les compatriotes de Clément Marot seront bien aises de faire une comparaison des productions poétiques du même siècle, de deux personnes qui ont également souffert une cruelle persécution pour la religion, quoique appartenant aux opinions diamétralement opposées.

Encore un rapprochement singulier qui nous vient à l’idée. Dans ces derniers temps, un riche et savant russe, le prince Labanow[1], s’éprit d’amour platonique pour l’existence romanesque de Marie

  1. Alexandre Kakowlewitz prince de Labanow de Rostoff, né en 1788, publia à ses frais :
    1o Lettres inédites de la reine Marie Stuart, 1 vol. 1826 ;
    2o Lettres et instructions de Marie Stuart, 7 vol. in-8o, 1844 et un volume de supplément ;
    3o Glossaire en français des locutions peu usitées actuellement qui se trouvent dans la correspondance de cette reine.