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Moore, très simplement.

Hélas… que ne feraient pas les hommes pour mériter qu’on les aime ?

Mabel, hors d’elle.

Ce n’est pas cela…

Moore, doucement et tristement.

Si, c’est cela… Ne soyez pas trop exigeante, Mabel, les hommes auront toujours la douleur… la douleur et la mort pour désespérer leurs amours… Ne redoutez pas des idylles… ne craignez pas un bonheur trop assuré. Dans la guerre et dans l’héroïsme, ce qui vous trouble si profondément c’est la mort. Elle ne nous fera jamais défaut. Cette flèche au cœur humain, elle y vibrera jusqu’au dernier jour… Ne soyez pas jalouse des amours guerrières… (Ne consentant pas à un retour sur lui-même. Domptant son émotion.) Cruauté pour cruauté… soyez satisfaite du lot inévitable des hommes. Ne donnez pas seulement votre âme, Mabel, votre courage et votre dévouement. Maintenant que la victoire est accomplie, c’est votre cœur de femme qu’il faut arracher à la guerre, à la mort, qu’il faut livrer passionnément à la vie et à la paix.