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doit mourir sous le froc, sous peine d’un scandale dont le pays souffrirait trop !

Mabel, qui a pâli.

Je ne souhaite aucune défection, je n’en veux à aucun soldat, je n’en veux qu’à la guerre. Et rien, rien au monde (exaltée, mais avec une ombre de défaillance) fût-ce une autre et plus secrète voix de mon cœur, rien n’arrachera une de mes forces à mon premier devoir, à mon devoir juré…

Delisle

Il n’y a pas de serment qui tienne devant l’appât du bonheur !

Mabel, comme s’il fallait se le répéter et brûler les ponts derrière elle.

L’appât du bonheur ? Pour ceux qui ont compris, il n’y a plus de bonheur. Il n’y a plus rien. Il n’y a plus qu’une raison de vivre. Il n’y a qu’une excuse à garder pour soi-même ce qui fut enlevé à tant d’autres, il n’y a plus qu’un pardon pour échapper à la honte de la vie sauve, c’est de vivre uniquement pour prolonger leur œuvre, pour garder à jamais ce qu’ils nous ont conquis : la paix ! Vivre uniquement contre la guerre, n’être plus