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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES mais c’est tant que très humblement je puis, qu’il vous plese, comment que ce soit, vous en venir’. Car le marché ne peult estre mauvais mais que nous vous voyons en France ; et ne peult estre bon vous estant à Madrid. J’attens, non de maindre affecsion que de

grant crainte, la conclusion que vous aurez prise avecques les envoyés de l’Empereur, connoissant leur façon. Et pour ce que, longtemps a, n’en ay eu nouvelles, ne puis estre sans peine, croyant que s’il

y a bien, il vous plera ne me le celer, mais sus tout je crains quelque mal ou fiebvre. Vous suppliant, Monseigneur, s’il vous plest que je vive, me fere savoir comme vous estes et faire tout ce que Dieu vous mettra au cueur pour votre brefve issue, sans plus attendre leurs longues disimulacions. J’ay trouvé deux courriers despuis Saragosse, venant d’Italie ; parlant du siège de Milan ; s’esbahissant fort comme je m’en retournois sans vous ; disant asseureement que le marquis de Pescare et les capitaines ont escript que si l’on ne fait paix à vous, que l’affaire de l’Empereur s’en va perdu. J’ay aussy parlé à des personnes

de gros estoffe’, qui desirent que l’Empereur allast en Italie et vous laissast où vous estes, m’asseurant que bientoust seriez mis hors. Et n’eusse jamais pensé d’avoir trouvé tant de bonnes voulentés, qui accompaignent mon infortune avecques lermes Cette phrase parait renfermer le conseil d’abandonner la Bourgogne, mais non pas celui de trahir la parole donnée.

  • Probablement c’est la famille du duc de l’Infantado qu’elle venait

de quitter à Guadalaxara. (Voyez Rec. imp., t. I, lettre 38.)