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DE LA REINE DE NAVARRE.

voir les vostres’, pour participer à ce que vous en sentirez ; car il vous a plu, oultre l’heur d’estre vostre seur, me donner seureté d’estre vous mesme. Vous voirez, Monseigneur, par ce que Madame inande, deux choses qui vous doivent fort consoler : l’une sa bonne santé, comme vous voirez que chascun escript ; et l’aultre, l’espoir qu’elle a à vostre deslivrance. Par quoy, Monseigneur, je vous supplie pour l’honneur de Dieu vous fortifier et resjouir, et croire que celuy qui vous a ressuscité contre l’opinion des médecins, vous deslivrera quand tout secours vous semblera failly. Car la

grace seule

que Dieu vous a donnée est suffisante pour vous tirer du purgatoire d’Espaigne. Croyez, Monseigneur, que je languis pour le desir que j’ay d’entendre sy vous aurez riens de bien du cousté de celuy qui doit venir devers vous’. Et la crainte de non n’est maindre que l’espoir d’ouy, pour leur accoustumée dissimulacion. Et voyant que je n’ay peu, et encores mains puis vous y servir, ne say que dire, sinon, attendant à petites journées la misericorde du Tout Puissant, luy supplier regarder la pacience qu’il vous a donnée en vostre estresme tribulacion. Et si vous y voyez quelque bonne apparence, pensez, je vous supplie, Monseigneur, que je ne suis que à vingt heures de vous, si preste à vous ramener une litière bien bonne, comme vous escript le grant escuyer, que en dormant vous pourrois ramener à vos amis. Et me semble, Monseigneur, que vous n’aurez mains Les vostres, c’est-à-dire celles qui vous sont adressées. — Charles Quint.

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