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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES que vous seul pouvés sentir. Parquoy, Monseigneur, si ainsin est que le Tout Puissant et non mains bon nous visite de sa miséricorde après la penitence, et vous mette en liberté, je vous supplie, Monseigneur, mais c’est du cœur que vous connoissez, me fere le bien de me rendre par un desiré contremandement l’aise que je perdis quant vous me commandastes, contre votre voulonté et la mienne, vous eslongner et partir. Car l’ennuy que la contrainte me fist prendre en pacience doit bien croistre au double, s’il ne vous plest, veu qu’il est si aisé révoquer mon dur arrest’. J’escrips à monsieur d’Embrun et baillif de Paris : vous presenter ma lectre et vous monstrer la leur, où plus au long mets les raisons qui me semblent raisonnables ; vous suppliant, Monseigneur, la daigner voir, et si je dis vray, ne me refuser place de laquais auprès de vostre litière. Aussy, Monseigneur, si vous avez advisé aultre chose et que je puisse faire en France davantaige que le mareschal de Montmorency, je suis preste à obéir ; mais il me semble que

après qu’il aura dist à Madame vostre intencion, qu’elle n’aura que tarder à partir pour vous trouver, avecques vos enfans et ostaiges ; et si elle attent ma ce sera une grande longueur. Toutesfois, Monseigneur, que pensant y servir pour vous de peu, et l’estresie chemin et peine que seule j’ay à porter, je vous dirays voulontiers : Si possibile est, transeat à venue,

La résolution de la renvover en France. On voit que Marguerite a ctait guère disposée à partir. 2 Georges d’Armagnac. Jean Delabarte