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DE LA REINE DE NAVARRE.

car en cete ville, tant du cousté du visroy’ que

de tous les seigneurs et dames, si ne m’y veux je fier de notre voyage

de mer,

je croy que despuis l’entrée de la galère jusques au saillir’, le mal qu’il a eu luy doit avoir fait oblier toutes choses, non seulement luy, mais tout le surplus, hormis le seneschal et moy. Car le desir de vous voir n’a voulu souffrir nouvelle peine en moy, qui ne sera mise à fin jusques à ce que Dieu me fasse si heureuse que de vous voir, ainsin que vous le desirez. A quoy m’a donné bonne espérance, Brion que je trouvay à Palamone, où je pris terre pour le souper seulement ; ce que n’ay fait despuis le partir d’Aigues Mortes. Et croy, Monseigneur, que Dieu voulust que je me misse à terre, car sans cela je ne l’eusse trouvé. Vous pouvez penser quel plesir ce m’a esté d’avoir vu et entendu ce qu’il vous plest mander à Madame, tant pour la consolacion que je say que ce luy sera, que pour le seur espoir que je prens sur ces paroles en votre brefve deslivrance. Je le despesche soudain pour ne fere perdre, pour mon plesir à l’ouir parler, le bien que Madame recevra de sa venue. Or, Monseigneur, je ne vous en diray plus, mais je me diligenteray de sorte que bientoust vous diray le surplus. Et des bonnes voulontés que je connois, et de plusieurs aultres choses, je le remets sur celuy que, si le corps suivoit l’affection, seroit et longtemps a, bientoust devers vous. Mais sur sa diligence, • Charles de Launoy, vice-roi de Naples. · Elle s’était embarquée à Aigues-Mortes, et n’avalt niis pied à terre qua Palamonc.