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DE LA REINE DE NAVARRE.

Lyon, juillet 1525.) Monseigneur, je me remettrois sur la suffisance de ce porteur’, si ce n’estoit la peur que j’ay que l’aise qu’il aura de vous voir le mettra hors de son role ; car je ne vis jamais houme tant presser et advancer son allée, que je ne treuve estrange, veu que le bien de vous voir est digne d’oublier toute aultre chose pour y parvenir ; qui me fait avoir sur luy trop plus d’envie que de pitié, attendant pour mon reconfort l’heure heureuse où avecques saufconduit, suivant vostre coumandement, l’on me die icy partez. Mais jusques à là ne seray sans doubte que mon indignité ne inérite tel bien, nonobstant que mon désir est suffisant de l’avoir. Parquoy, Monseigneur, je vous supplie, si Dieu me fait cete grace de pouvoir vous aller voir, me daigner mander ce qu’il vous plera que je fasse et ceux que je meneray ; car vos bons serviteurs ont tant d’envie de vous voir, que chescun me prie d’y aller, comme plus au long il vous plera ouïr de Monpezat. Et aussy par luy saurez de la santé de Madame, que la goutte hier et ennuist a voulu assaillir au pied et au genoul ; mais l’aise que lui donne l’espoir de toust vous voir en liberté a vaincu la douleur, et n’a que ung — Montpezat. Il est nommé plus loin.