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SUPPLÉMENT À LA NOTICE

SUPPLÉMENT A LA NOTICE O frère doux ! qui, en lieu de punir Sa folle sæur, la veut à luy unir ! Et pour murmure, injure, ou grande offense, Grace et amour luy donne en recompense. C’est trop,

c’est trop, bélas ! c’est trop mon frère ! Point ne devez à moy si grands biens faire : J’ay fuit le mal, vous me rendez le bien, Vostre je suis et vous vous dites mien, Vostre je suis, et vostre doublement’, Et estre veux vostre éternellement. Or puisque frère et sœur ensemble sommes, Il me chaut

peu de tous les aultres hommes. Si frère à sour a couvert le péché, ete. (Les Marguerites, t. 1, p. 36 et 37.) Ces allusions, que je pourrais multiplier beaucoup, reçoivent une grande vraisemblance de leur isolement. Les vers que je viens d’extraire ne semblent-ils pas une paraphrase de la lettre en prose ? On voit des deux côtés une seur coupable envers son frère, reconnaissante de l’indulgence et de la discrétion avec laquelle il l’a traitée, humiliée, repentante et tendrement dévouée. Mais l’auteur se représente aussi Jésus-Christ sous la figure d’un père et sous celle d’un époux ; et elle lui parle avec les mêmes effusions de tendresse et 1 Pourquoi doublement ? Y avait-il entre Moise et Marie un autre lien que celui du sang ? Marguerite sans doute veut parler du lien de la reconnaissance.