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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. Cor mundum crea in me, Deus ; Seigneur, créez en moi un cœur pur. N’est-ce pas là un aveu assez clair pour qui sait le comprendre ? et combien de passages à l’appui de cette interprétation ! Vostre sœur ? Las ! voici grande amytié ! Or fendez vous,

mon cour, par la moytié Et faictes place à ce frère tant doux, Et que luy seul soit enfermé eu vous. Gardez inon cæur, mon frère, mon amy, Et n’y laissez entrer vostre ennemy. Le texte, il est vrai, applique ce nom de frère à Jésus-Christ, mais les commentateurs n’en seront pas dupes : ils verront clairement qu’il faut le rapporter à François Ie". Et quand Marguerite fait dire à Marie, sour de Moïse :

Que fistes vous alors ? De mon péché, Las, mon frère, vous feustes empesché, Non pour prier pour ma punition, Mais

pour mon bien et ma rémission. Mais qu’avous fait voyant ma repentance ? Tost avez mis fin à ma pénitence. Avous, savous, avez-vous, savez-vous. Ces syncopes, aujourd’hui reléguées en province parmi le peuple, étaient, à ce qu’il paraît, du bel usage à la cour de François Jer. Marguerite les emploie très-souvent.