Page:Marguerite de Navarre - Nouvelles Lettres, éd. Génin, 1842.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée
267
DE LA REINE DE NAVARRE.

vous mettez le surplus de mes vieux jours d’estre desdiés à votre service. Mais, Monseigneur, je supplie celuy auquel vous avez vostre ferme esperance satisfaire pour moy, et vous donner heureuse et longue vie. Et pour ce, Monseigneur, que ce porteur m’a tenus plusieurs propous que de vostre grace luy aviez commandé me dire, dont la responce par escript pourroit estre longue et fascheuze à vos yeux, je lui ay dist sur chascun article tout ce que j’ay dedans le cueur, car je l’ay tousjours congnu votre tant affectionné et loyal serviteur que je n’ay craint mettre entre ses mains ma confession. La resolucion de laquelle est que, ainsin

que Dieu vous a donné puissance de commander à mon corps, lequel n’est fait que pour vous obeyr, la vraye amour que je vous porte lye si fort mon cueur au vostre, que je ne puis vouloir que vostre vouloir ; mais c’est d’une sy vifve affecsion, qu’elle ne peult estre aultre. Parquoy, Monseigneur, je vous supplie croire que en toutes choses, obéira, suivra et voudra ce que vous commanderez et voudrez, et pour toute recompense de son amour et servitude vous demande la

grace de demeurer en la vostre bonne, à laquelle tant et sy très humblement qu’il luy est possible se recommande

Vostre très humble et très obéissante subjecte MARGUERITE.

(Autogr. – Fonds Béthune, vol. 8651, fol. 25. ] et tante