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DE LA REINE DE NAVARRE.

Monseigneur, la joye que j’ay eue d’avoir par ce porteur et vostre lectre entendu vostre bonne santé m’a esté ung bien si grant, que, en despist du meschant corps,

l’esprit s’est aultant esjouy qu’il le peult fere ; non sans regret, Monseigneur, de me voir en estat que je ne puis porter la peine que je desirerois. Et pour me essayer, le jour de Pasque je me fis porter à l’esglise ; mais je l’ay bien acheté : ma douleur, puisqu’il vous plest prendre la peine de l’entendre, me tient à la cuisse gauche et à l’espaule, qui n’est pas grande parfois comme au matin ; mais après disner et au soir, si je m’efforce à me tenir debout, elle me tormente la nuist. Tout cela ne m’ennuye point tant que l’euil, qui ne s’amende ne pour médecine, ne pour chouse que je y fasse. Une chouse me reconforte : c’est que si ung corps doit tousjours souffrir, et que vous ayez eu tant de mal que j’estoys saine’, puisque je suis malade vous ne le pouvez estre. Et cete raison avecques l’essample de pacience que j’ay apprise de vous, ine donne occasion de louer Nostre Seigneur, lequel, en remettant le surplus à ce porteur, va supplier vous donner d’icy à cent ans la santé et prospeMarguerite voulait écrire sans doute : « et que vous ayez eu mal tant que j’estois saine, »