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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES LETTRE CXLVI.

AU ROI. Monseigneur, le desir que j’ay de vous voir est si grant, que je porte envie à ce porteur et à ma lectre d’aller plus toust à vous que moy. Vous asseurant, Monseigneur, que s’il ne vous eust pleu m’asseurer de la bonne santé de monseigneur d’Orléans et me coummander vous attendre à Langres, j’eusse fait mon possible de m’advancer, pour essayer à luy fere service. Car vous savez, Monseigneur, que je ne suis née que pour servir vous et les vostres. Je n’avois point seu sa maladie, mais quant j’ay entendu que c’estoit fievre tierce, je ne me puis tenir de sentir son mal ; car je n’en foys guères que saillir. Il est vray que la jeunesse le saulvera de la longueur, et que puis que ses creses diminuent, qu’elle ne luy peult durer ; dont je prie Nostre Seigneur. Mais si à Langres je n’oy dire que vous et luy soyez partis, il vous plera bien que je satiface à mon affecsion qui ne me laira repous que je ne vous revoye avecques toute vostre compaignie et telle santé que, coume la plus obligée qui vive, plus que nul aultre la desire

Vostre très humble et très obéissante subjecte et mignonne

MARGUERITE. Ms. n° 98.