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DE LA REINE DE NAVARRE.

de vos qu’il est si malheureux, coume j’ay veu par ce que vous a apporté son maistre d’ostel, qui a esté trouvé si infame et vilain, tant du roy de Navarre que hons serviteurs, que nous ne craindrons plus de dire la vérité’pour rompre le lien qui aussy peu la tient liée que je suis à l’Empereur. Et je le vous puis jurer davant Dieu, comme il vous plera voir par ce que j’envoie à Frotté, afin qu’il vous plese, Monseigneur, en ouster et y adjouster ce qu’il vous plera pour vostre service, pour lequel, ainsin que au coumancement ingnoramment je vous suppliois de faire ce mariage, vous caichant le vouloir de ma fille, maintenant je vous supplie très humblement nous ayder à la mettre en liberté davant l’église et les houmes", comme je say qu’elle l’est davant Dieu. Car j’aymerois mieux la voir morte que entre les mains d’ung houme qui vous a fait et à son honneur ung si meschant tour:car la fille, le père ne la mère ne veulent vivre en ce monde que pour vous, duquel nostre vie despend; pour la conservacion de laquelle supplie le Tout Puissant estre avecques vous, et vous ramener sain, heureux et conet déchargent la mémoire de François Ier d’un acte de tyrannie odieuse qu’on lui imputait gratuitement. · Quelle était cette vérité ? C’est apparemment que le mariage n’avait pas été consommé. Au moins ce fut le motif sur lequel le Pape fonda la dissolution du mariage. Mais quelques écrivains, Olhagaray, par exemple, affirment que le duc s’abstint à la prière de Marguerite (voyez t. I, p. 69), tandis que Marguerite, en plusieurs passages de cette lettre, semble accuser le duc assez clairement.

  • La première idée de faire casser le mariage vint sans doute du duc

de Clèves, mais on voit quel empressement la famille de Jeanne d’Albret mit à le seconder.