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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES vous n’avez au camp pionnier dont le corps porte plus de travail que mon esprit. Le Seigneur Dieu des batailles soit vostre force et destre ! Et encores, Monseigneur,

entre tant d’affaires pourpenser, auquels tous aultres se doivent oublier, vous n’avez laissé d’avoir mémoire de nous et m’escripre ce qu’il vous a pleu respondre à M. de Cleves’, et donné congié au roy de Navarre et à moy d’en dire en Dieu et nostre conscience ce que nous en savons’; ce que nous ferons, puisqu’il vous plest. Mais si ledist de Cleves vous eust esté tel qu’il devoit et que je l’espérois, jamais nous n’eussions parlé de ces propous, et eussions mieux aymé voir mourir notre fille, ce qu’elle disoit qu’elle feroit, que n’empescher qu’elle allast au lieu où j’estimois qu’elle vous feroit service ?. Mais puisQui sans doute annonçait la nécessité où il se trouvait réduit de rompre avec la France. . Ce que nous savons sur la non — consommation de son mariage. 3

On voit par ce passage, que le mariage avec le duc de Clèves se fit à la sollicitation du roi et de la reine de Navarre. Cependant tous les historiens affirment unaniment que François 1er maria sa nièce sans consentement de père ni de mère, ou plutôt, malgré le père et la mère. Les lettres de Marguerite redresseront cette erreur consacrée que j’ai reproduite moi-même dans la notice du premier volume, sur la foi des meilleurs guides ; car on n’avait pas alors le texte de la protestation de Jeanne d’Albret *, où elle déclare avoir consenti au mariage, uniquement parce que sa mère la faisait fouetter tous les jours. (Voyez à la fin du volume.) Tous ces témoignages concorilent Imprimée pour la première fois dans les papiers d’État du cardinal Granvelle, 1. III. (Documents inédits de l’hist. de France.)