LETTRES INÉDITES LETTRE CXXXIII.
AU ROI. (Octobre 1543.)
Pour l’intelligence de cette lettre, il est nécessaire de se rappeler l’histoire des rapports du duc de Clèves avec la famille de François Ier. En voici l’abrégé : Guillaume III, due de Clèves et de Juliers, épousa à Châtellerault, le 15 juillet 1540, Jeanne d’Albret, fille du roi de Navarre, nièce de François Ier. Naturellement il prit parti pour les Français, et la même année il battit les Impériaux. Charles-Quint irrité alla en personne assiéger Dueren dans le pays de Juliers, prit cette ville, et passa la garnison au fil de l’épée, et même une partie des bourgeois. Ruremonde et quelques autres villes se hâtèrent d’envoyer leurs clefs à l’Einpereur. Charles V mit le siége devant Venloo, et il était sur le point de forcer la ville, lorsque le duc de Clèves consentit à s’humilier et à venir à merci. Il vint donc, présenté par le duc de Brunswick et les anıbassadeurs de Cologne, implorer de l’Empereur paix et pardon. Charles V le tint longtemps à genoux, et finit par renvoyer au prince d’Orange et au cardinal Granvelle. Guillaume obtint enfin la paix, le 7 septembre 1543, aux conditions suivantes :
10. Cession de la Gueldre et du Zutphen ; 29. Martin Van Rossen, général des troupes de Guillaume, prendra du service dans l’armée impériale ; 30. Le duc réformera ce qui a été fait dans ses États au préjudice de la religion catholique, et renoncera à l’alliance de la France.
En conséquence de ce dernier article, Guillaume fit casser par le Pape son mariage avec Jeanne d’Albret (1544), et épousa, le le
