Page:Marguerite de Navarre - Nouvelles Lettres, éd. Génin, 1842.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée
228
LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES m’en aller à la procession, faire avecques le peuple les feux de joye, et mander à M. de Burie en faire de si grans

feux que nos ennemis soient transis du feu qui eschauffe et vivifie tous vos amis, servicteurs et subjects. Mais avant saillir du list où j’ay receue vostre adorée lectre, a fallu faire cete cy, transportée de telle joye, et mes yeux obscurcis de tant de larmes, que je ne say que je voy ny que je dis, sinon que

à ceux à qui Dieu a donné son filz Jésuscrist, et qui par vive foy l’ont receu en leurs cueurs, il ne leur lesse riens à donner de tout ce qui leur est necessaire. Car ayant donné le plus grant don, qui est son seul filz, et grace de le recevoir pour nostre tout, il ne peult plus riens refuser. Il n’y a plus que à luy en rendre continuelles louanges ; ce que, je suis seure, Monseigneur, vous faites de telle foy et de tel cueur qu’il ne vous arguera point d’ingratitude. Et puisque je n’ay pour ce coup eu l’heur d’estre au rang des saiges femmes, je m’en voys avecques vos bons subjetz supplier celuy qui nous despart tant de graces vous en donner par heureuse et bonne vie aussy longuement la jouissance, avecques une pour vous advantaigeuse paix, coume en la vostre bonne desire à jamais estre plus que très humblement recoumandée Vostre très humble et très obéissante subjecte et mignonne

MARGUERITE’. [Ms. " 88.]

La reine de Navarre ne se contenta pas de féliciter François Ier en prose sur la naissance d’un petit-fils, elle joignit à sa lettre une épître en vers, écrite avec une verve exaltée. On y retrouve les principales