Page:Marguerite de Navarre - Nouvelles Lettres, éd. Génin, 1842.djvu/242

Cette page n’a pas encore été corrigée
224
LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES souvent vous en advertir ; mais c’est que, par une lectre qu’il vous a pleu luy escripre, j’ay veu ce que l’Empereur et l’Anglois deslibèrent de faire, que je ne crains tant, estant seure que Dicu est de vostre costé, coume je fois ; que vous allez en personne à vostre camp, combien que vous y servirez de vingt mille hommes. Mais le temps, le travail et les fascheries que vous avez me donnent tant d’ennuy, que je n’ay bien que quant je suis par lectres de vos servicteurs asseurée de vostre bonne santé, avecques laquelle Dieu vous a donné tel cueur et telle prudence, que je m’asseure que vous raporterez heureuse victoire, pour laquelle j’escrips par tout ces païs, afin que les prières, tant publiques que secrettes, soient continuées sans cesser ; ce que tout le peuple fait de bon cueur, en despit de ceux qui ont fait ce qu’ils ont peu pour leur ouster ce cneur ; lesquels se coummencent si bien à fere connoistre par plusieurs espies que nous avons, que l’on les gardera bien d’avoir le pouvoir qu’ils ont eu. Combien qu’il y en a qui sont bien soustenus’; mais puisqu’il vous plest vous en fier en nous, nous n’aurons regard à riens particulier, mais seulement à vostre service. Aussy, Monseigneur, saichant combien vous aimez ceux qui tousjours vous ont aimé, j’ay en grant peur que la mort de M. l’admiral vous ait donné de l’ennuy ; vous suppliant, Monseigneur, ne de cela ny l’aultre chose qui puisse advenir ne vous fascher ; car · Allusion à l’évêque de Condom et à sa famille. De Brion, mort au commencement de 1543. Il eut pour successeur le maréchal d’Annebault.