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DE LA REINE DE NAVARRE.

ce tenant je n’ay point eu de fievre cete fin du sixiesme mois, coume j’avois eu les aultres ; et me feray porter en une chaire, dont j’espère, à changer cet air qui est fort mauvais, m’en trouver mieux. Et combien que je soye fort grosse, je ne suis guères empeschée. Monseigneur,

ung qui est vostre espie, que l’on noumoit Verdelet, est arivé, ainsin que j’avois coummencé cete lectre. Et pour ce qu’il n’a trouvé le roy de Navarre, m’a dist toutes les nouvelles qu’il savoit, lesquelles vous envoie de ma main. Je luy ay baillé qu’il m’a demandé, et le renvoie dès aujourd’huy pour nous venir dire quelles forces l’Empereur laisse en Espaigne. Il m’a proumis d’estre bientost de retour, et moy à luy que, s’il vous servoit léalement, que je ferois tant envers vous, que vous luy douneriez pour repouser sa vieillesse. Il est demeurant près de la ville de Foix. J’ay escript au trésorier du roy de Navarre bailler à sa femme qui est preste d’accoucher, argent et ce dont elle aura besoing. Quand il a veu cela, le pouvre houme m’a juré qu’il mourra ou vous fera service. Je vous supplie, Monseigneur, qu’il vous plaise nous hounorer tant que nous saichous coume se portent vos affaires. Ce que j’en dis, c’est que le lieu où nous soumes pour vous requiert bien que les ennemis ne nous puissent riens apprendre, coumc ils ont fait de choses d’importance, que nous avons après entendues par vous. Et croyez que ce qu’il fauldra taire ou dissimuler le sera, et aurons de quoy respondre aux aultres ou en feinte, ou en vérité ; car quoy que ce 14

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