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DE LA REINE DE NAVARRE.

vant vous vous ayez peu juger l’amour que vous avez doublement recréé aux cueurs de vosdits subjets, si vous puis je bien asseurer que ceux qui en ont esté absens n’ont point esté ezans de la joye de ce pouvre peuple et de vous donner tant de louanges que je ne doubte point que le père de misericorde, voyant en vous son imaige et reconnaissant son euvre, ne l’a couronné de toutes les prosperités et honneurs que vous luy sauriez demander, coume le coumancement y est bien aparent, veu que de tous costés vos affaires prospèrent selon le desir de ceux qui n’aiment riens que vous. Il fault que je vous die, Monseigneur, que Monsieur de Tulle’m’a si bien mis par escript la piteuse suplicacion des pouvres malheureux pour l’heure, [et] vostre humaine et cristienne responce, en lisant laquelle il me sembloit voir et ouyr vostre acoustumée bonté et doulceur inespérée faire son office, que j’en ay tant fait fere de doubles, et envoyé en Espaigne et ailleurs, que cete chérité ne sera non plus celée aux houmes qu’elle est davant celuy que je supplie, Monseigneur, allonger de cent ans vostre vie pour le bien et l’heur de vostre réaulme. Vous merciant très humblement du bien et de l’aide très grande qu’il vous logis. Et le Roy estant au dit lieu, assis en son tribunal, et iceux ayant les testes nues et les mains joinctes et les larmes aux yeux, avec ceux des isles prochaines, firent faire une requeste publique par l’avocat, à ce que l’on disoit, desdites isles. » (Du BELLAY.) Voyez dans du Bellay, qui rapporte au long les deux pièces dont parle ici Marguerite, le discours de cet avocat, et la réponse du Roi. · Pierre du Castel (Castellanus), protecteur des gens de lettres et ami de la reine de Navarre. (Voyez t. I, lettre 149, p. 375.)