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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES je ne puis desirer mal à ceux qui m’en font. Et si aultre que moy n’estoit offensé, j’aurois plus de plesir à pardonner que à puguir. Mais vostre offense ne se peult oublier de ceux qui n’ont que vous davant leur yeux ; et j’espère, Monseigneur, que envoyant icy les coumissaires’, vous serez mieux congnu et craint en ce pays que l’on ne vous y a voulu desguiser, et trouverez de grandes faultes. Et quant à l’ordre qu’il vous a pleu mettre à vostre court de parlement, elle est si bonne, que aultres que les mauvais ne s’en peuvent plaindre. Car coume vous desirez l’innocent ne soit prevenu par malice, aussy vous voulez que le téméraire et qui tourne l’escripture de Dieu en liberté de la chaire et désobéissance des supérieurs soient pugnis, coume la raison est juste. Je vous asseure, Monseigneur, que vous en avez maintes prières, et n’y a houme qui ayme à lire la Sainte Escripture, que, s’il voit quelqu’un en parler légierement, qui ne le repraigne, plus pour la crainte de vous desplaire que de pugnisions. Dieu merci, Monseigneur, nul des nostres n’ont esté trouvés sacramentaires, combien qu’ils n’ont guères porté maindres peines’; et ne me puis garder de vous dire qu’il vous souviengne de que

• « Vous savez comme le Roy a ordonné que MM. de Bayf et Bagie viendroient

par dessa avec commission d’informer sur le fait de M. de Condom. » (Lettre 151, à Ysernay, t. I, p. 580.) • Par cette phrase remarquable, il paraît que l’évêque de Condom accusait le Roi et sa socur de favoriser l’hérésie. Les chefs de la secte sacramentaire étaient Zwingli, Bucer et Œcolampade. Sur l’aflaire de M. de Condom et le zèle de la reine de Navarre à la pousser, voyez t. I, lettres 149, 150 et 151.