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DE LA REINE DE NAVARRE.

femme, qui, à la venue de vostre lectre, estoient bien fort mal, l’ung d’une colique et néfrétique la plus fascheuse que je luy vis onques, avecques l’eau noire coume encre’; l’aultre de mal de cueur et desvoyement d’estoumac, que j’attendois durer jusques à mercredy, qui est le bout de mon troisiesme mois’. Mais la lectre qu’il vous a pleu m’escripre a guery et le mary et la femme, et leur a ousté leur grans douleurs, dont la seule occasion est la veue d’une escripture tant pleine d’amour qu’elle nous rent satisfaits du continuel desir que j’ay qu’il vous plese nous tenir en vostre bonne grace pour plus que très humblement recoumandés ; respondant pour nous à vous, et nous escusant ; sentant combien nous connoissons l’obligacion que nous vous devons et de quel cueur et amour nous recevons vos graces.

Monseigneur, quant au fait de M. de Condom ?, je vous supplie croire que je suis tant ungnie à vous que • Marguerite se loue à M. d’Isernay du merveilleux effet produit par ces lettres du Roi qui l’ont guérie:« Je les porteray sur moy comme relicques, dont elles ont aussy bien servy au roy de Navarre comme à moy; car il a esté environ vingt quatre heures aussy malade d’une colicque que je le vis oncques, et a fait de l’eau aussy noire que encre. Mais il a prins si grant joie de ouïr la lecture des dictes lettres que je luy ay faicte durant sa maladie, qu’il en est guary. » (Lettre à Ysernay, du 30 décembre 1541. T. I, lettre 150, p. 378.)

. Elle était enceinte 25 septembre. 3 Érard de Grossoles, évêque de Condom, un des prélats français qui firent répéter en chaire les calomnies inventées en Allemagne contre François Ir. (Voyez t. I, la lettre 149, à Ysernay, et la note de la page 572.)