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DE LA REINE DE NAVARRE.

saine, vous puisse plus fere de service que je n’ay fait. Car vous savez que je ne desire anltre bien en ce monde. Aussy ne fait celuy que j’ay trouvé à ce Mont de Marsan’, qui a esté jusques à la frontière, où pour sa venue le visroy de Navarre s’est cuidé esmouvoir ; mais ayant entendu que vous et vos servicteurs tenez la paix pour seure, ils se coummencent à rapaiser. Si monstrent ils bien qu’ils n’ont pas envie de la guerre,

mais d’une plus estroite alliance entre vous et l’Empereur par le mariaige de Madame ", chose qu’ils ne celent point, estant par ce moyen là asseurés d’ung repos perpétuel.

Monseigneur, encores que l’air chault de ce pays devoit aider au roy de Navarre, il ne laisse de se ressentir bien fort de la cheute qu’il prist ; et, par le conseil des médeciņs, à ce moys de may, s’en va mettre aux baings de Cot retz, où il se fait tous les jours des choses mervilleuses. Je me deslibère, après m’estre repousée ce Caresme, d’aller avecques luy pour le garder

d’ennuyer, et faire pour luy ses affaires ; car tant que l’on est aux baings, il fault vivre coume ung enfant, sans nul soulcy. J’espère, Monseigneur, avecques le bon régime qu’il tient, que Dieu luy redonnera la santé, qu’il desire plus pour vostre service que pour soy. Et le plus grant bien et millieure médecine que luy et moy puissions avoir, c’est d’estre souvent asseuSon mari, le roi de Navarre. • M. de Burie, qui suppléait Henri d’Albret dans les fonctions de lieutenant général en Guyenne. 3 Marguerite de France. (Voyez la lettre précédente.)