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DE LA REINE DE NAVARRE.

à Argel’, ou contre les protestans, où l’Empereur estoit si empesché, qu’il avoit plus de besoing de fortifier son alliance avecques vous que de la rompre. Nous priant de tenir la main à la continuacion d’une chose si bonne et sainte. Et sur ce propous nous dist le jeune homme que la pluspart des grans d’Espaigne desiroient fort de voir Madame estre leur princesse " ; mais

que d’aultres tenoient le party de Portugal. Sur quoy nous n’avons rien lessé à dire de l’heur et du proufist que ce seroit à l’Empereur, à leur prince et à leur

pays d’avoir une telle dame et une si proufitable alliance. Il me desplaist, Monseigneur, que nous n’avons moyen de faire mieux ; mais il vous plera croire que, quoy qu’il vous viengne, nous n’espargnerons riens pour vostre service. Je ne veux oublier de vous dire que à peine ont ils creu cete paix d’Angleterre qui les estonne fort. Et les plus saiges disent que l’Empereur eust mieux fait de se asseurer par alliance

avecques vous avant lesser joindre deux telles puissances ; car Alger. – Argel est la forme espagnole de ce nom. Charles V en personne commença le siège d’Alger le 21 octobre 1541, et fut contraint de le lever à la fin de novembre. (Art de vérifier les dates.) . Il s’agit de madame Marguerite de France, quatrième fille du Roi et Gilleule de la reine de Navarre. Elle avait alors dix-huit ans, étant née le 5 juin 1523. Dès l’âge de trois ans, elle avait été accordée à Louis de Savoie, prince de Piémont, qu’elle n’épousa pas. On voit ici qu’il fut question de la marier avec Philippe, fils de Charles V. Les historiens n’avaient point parlé de ce projet d’alliance, qui échoua comme le premier. Marguerite épousa, en 1759, Philibert Emmanuel, duc de Savoie. C’était une femme de grande vertu et de grand merite. Elle avait été formée par sa tante et marraine.