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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES menassée de verges’si elle parloit au filz de Saint Paul et si elle se consentoit au mariage, quelque coumandement que vous en fissiez ; et qu’elle dist qu’elle n’avoit pas onze ans, toutefoys qu’elle en avoit treize ; et qu’elle aymoit fort le filz de Saint Pol, et qu’elle me prioit de faire le mariaige sans attendre les tucteurs, car elle savoit qu’ils en vouloient fere leur proufist et que sa mère et M. d’Asté, son oncle, avoient proumys ce mariaige.

Monseigneur, voyant la voulenté de la fille et les menées faites contre vostre intencion, il m’a semblé que je ne devois tarder d’accomplir vostre coumandement. Le Roy de Navarre, de qui la fille est plus proche que des tucteurs’, avecques quatre ou cinq de ses parens, ont tous esté d’opinion qu’il se devoit faire. Par quoy, en bonne compaignye nous fismes les fiansailles par parole de present, et le lendemain, vint un des tucteurs, qui m’apporta une lectre de vous, Monseigneur, par laquelle vous me coumandez mener la fille devers vous ; qui me met en merveilleuse peine, quant l’obéissance de vostre coumandement m’empesche de l’accomplir. Qui m’a fait perdre la crainte de vous en’ Il paraît que c’était alors la coutume suivie dans ces occasions. La reine de Navarre faisait fouetter aus i sa fille, Jeanne d’Albret, pour la contraindre à épouser le duc de Clèves ( Voyez la note 3, p. 239, et la protestation de Jeanne à la fin de ce volume.) — Ils étaient les oncles de leur pupille, mais les maisons de Foix et d’Albret s’étaient alliées deux fois avec celle de Carmain ; au xive siècle, par le mariage d’Arnaud de Carmain avec Rosine d’Albret, et tout récemment, en août 1540, par celui de Louis de Carmain (frère d’Anne) avec Marguerite de Fois Candale.