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SUPPLÉMENT À LA NOTICE

mieux que sa réputation. Il n’a donc pas été difficile, en ce qui concerne les prétendues amours de Marguerite avec Bourbon, avec Bonnivet, surtout avec Marot, de rétablir les faits sous leur jour véritable.

Mais il existait un point plus délicat. Une rumeur vague, sortie l’on ne sait d’où, probablement des profondeurs les plus ignorées du seizième siècle, flétrit d’une imputation terrible la mémoire de cette femme illustre et généreuse. Ce n’est, puisqu’il faut le dire, ce n’est rien moins qu’une accusation d’inceste ! Certains esprits, honnêtes d’ailleurs, toujours prêts à croire aux crimes, surtout aux crimes des grands, surtout aux crimes mystérieux, veulent que la tendresse de Marguerite pour son frère ait été criminelle ; et ce dévouement absolu qui la poussa en Espagne et dont elle ne cessa jusqu’à la fin de sa vie de donner des preuves au Roi, au lieu d’exciter notre sympathie et notre admiration, devrait, si l’on veut leur prêter foi, nous révolter. Je n’ignorais pas ce bruit, et cependant je n’en ai fait aucune mention dans la notice sur Marguerite d’Angoulême. C’est qu’une accusation quelconque n’a pas le droit, par cela seul qu’elle existe, d’être recueillie ni même combattue ; il faut qu’elle se produise sous l’au-