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DE LA REINE DE NAVARRE.

(Tours, janvier 1538.) Monseigneur, en tant de sortes la lectre qu’il vous a pleu m’escripre m’a rendue plus que contente, que je puis dire que par elle j’ay receu une nouvelle vie, dont, je vous proumets, Monseigneur, j’avois besoing ; car, pensant partir de cete ville de Tours pour aller devers la Royne, vostre petite fille s’est trouvée bien mal ; qui m’a contrainte parachever mon année de servir les malades avecques elle. Mais avecques vostre lectre sa santé est retournée, et combien qu’elle garde le lit, je n’y voy point de dangier de la lesser, que

fois demain, esperant fere telles journées que le corps le pourra porter. Car sy j’allois selon l’esprit, qui n’aura jamais repous bien loing de vous, je prendrois la poste. Aussy, Monseigneur, j’avois eu quelque aultre fascherye qui m’estoit plus forte à porter que le mal de ma fille ; de quoy votre seule lectre me pouvoit guerir : ce qu’elle a fait. Dont tant et si très humblement qu’il m’est possible je vous remercie. Et fault, que je vous die, Monseigneur, que si vous pouviez sentir le bien que vous m’avez donné, tant par reté de vostre bonne grace que le coumandement que vous me faites de m’approcher de toute la felicité ce

la seuJeanne d’Albret.