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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES que leur maison soit acquittée. Et pour ce, Monseigneur, que j’ay trouvé la faulte ne venir point d’eux, j’ay plus voulentiers mis peine de leur secourir, esperant, Monseigneur, que avecques vostre bonne ayde, vous tirerez encore du service de la maison qui a l’honneur que d’ung costé vous en estes venu. Monseigneur, je ramene ma fille à Blais pour là attendre ce qu’il vous plera me coumander ; car, tout ainsin que avecques vostre congié je suis partie, il vous plaira que avecques vostre coumandement je y retourne, si vous voiez que je puisse servir à la maindre personne qui y soit. Combien, Monseigneur, que je me sens telle que, contre mon desir, ne vous puis là ny ailleurs fere service, si n’est l’affecsion maindre pour l’impuissance ; laquelle il vous plera recevoir et coumander, car en l’obéissance la plus voulontaire qui oncques fust jusques à la mort, n’en trouverez jamais qui passe

Vostre très humble et très obéissante subjecte et mignonne

MARGUERITE. [Ms. n° 43.]

Cette lettre fut envoyée avec celle à Montmorency, qui roule sur le même sujet (t. I, lettre 147), et la reine de Navarre met en Postscriptum

« Je vous prie voir ce que j’escrips au Roy, et, s’il vous

semble bon, la luy bailler, ou faire bailler, ou la brusler. Je remets tout à vous. » Marguerite ne pouvait accorder une plus grande preuve de confiance au connetable, qui certes ne la meritait guère.