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DE LA REINE DE NAVARRE.

cy fait asseureement

très humblement vous en remercier, sinon en lieu de vous fere millieur service, incessaument prier Nostre Seigneur continuer la faveur qu’il a tousjours donnée à toutes vos entreprises ; dont le bon coumencement de cete esperer

que la fin en sera

très heureuse. Et quant je voy par vostre lectre quelles sont vos forces, et combien prudemment elles sont conduites, ce qui ne peult estre aultrement là où vous estes en personne, je vous supplie, Monseigneur, penser qu’icy je m’en esjouis d’une part pour le desir que j’ay de vostre prosperité ; que de l’aultre, le regret de ne le pouvoir voir n’est moindre que la joye de l’ouyr : car en tous vos affaires où femme peult servir, despuis vostre prison, vous m’avez fait cet honneur de ne m’avoir separée de vous, que j’estime le plus grant que vous me sauriez faire. Et maintenant, Monseigneur, que la Roine est si saine et toute sa compagnie’que je ne vous y puis de rien servir, s’il vous plesoit me fere hospitaliere de vostre camp, je prendrois cete peine à grant gloire, coume l’office de ce monde que plus j’estimerois. Et fault que je die, si vous passez sans que je soye en vostre compaignie, que je tiens la condicion des femmes des Allemans millieure que la mienne : car en servant leurs maris, elles ont le bien de vous voir ; et moy, qui ne desire aultre chose, ne le puis recouvrer. Qui me fera voulontiers pour ce voyaige renoncer le sang réal pour estre chamberiere de vostre lavandiere. Et vous promets ma foy, Monseigneur, que sans regretter ma robe de · Voyez t. I, la lettre 144 et les précédentes. II.

II