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DE LA REINE DE NAVARRE.

(21537.) Monseigneur, la crainte que j’ay de vous ennuyer de longue lectre, et le desir qu’il vous plese entendre des affaires où je suis, me fait vous envoyer ce porteur, pour les vous desclairer, comme celuy qui, je suis seure, ne vous celera riens ; car il n’a regard que à vous seul et vostre service. Je say bien, Monseigneur, que de si petites choses doy craindre vous fascher ; mais veu que je n’ay parent ny amy où je puisse et doive chercher conseil et parler priveement, je ne regarde point que vous estes mon roy et seigneur, mais seulement que vous m’estes père, frère et filz, et que Dieu ne m’en a lessé nul aultre proche qui puisse parler pour moy. Mais le plus grant et principal affaire que j’ay, c’est de demeurer en vostre bonne grace, et de vous mercier très humblement de tant de bien qu’il vous plest me faire’. Car je congnois bien, Monseigneur, que, en la vieillesse où je m’en vois, suis plus inutile que je ne fus oncques de vous faire service ; et que, par raison, le bien qu’il vous a pleu me faire devroit diminuer. Et voudrois bien qu’il feust tout employé aux grans affaires que vous avez, et devoir vivre très petitement ; · Le don ou la pension de 10, 000 livres dont il a été question dans la lettre précédente