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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES gneur, l’on m’a escript qu’il vous plest me bailler pension ; mais craingnant que ce soit une ouverture pour plus importuns que moy, je vous supplie déffendre que l’on n’en parle point jusqu’à ce que je soye devers vous. Et s’il vous plest me fere ce bien pour entretenir plus honnestement ma despense, je l’esti meray encore mieux s’il vous plest le me faire bailler secrètement, par forme de don, et non de pension, pour ne venir à conséquence. Et des dix mille livres qu’il vous plest maintenant me donner, je les prendray comme don pour fere mon voyaige. Mais si j’en pouvois trouver aultant à emprunter, je n’en eusse pour riens desgarny vos finances ; car le temps vient où vous en aurez bien affaire. Et n’ay regret que de tant de bien que j’ay reçu de vous j’ay esté si peu mesnaigière

que je n’en ay seu espargner pour maintenant vous servir. Et quant à ce qu’il vous plest me dire, que le desir de voir ma fille’me devroit advancer de partir, vous me feriez bien grant tort, Monseigneur, si vous pensiez que au prix de celuy que j’ay de vous voir, mary ny enfant me feussent riens, comme plus au long vous dira Frotté. Vous suppliant pour toutes graces croire assureement que aultre chose que vous et vostre service n’a davant les yeux Vostre très humble et très obéissante subjecte et mignonne

MARGUERITE. | Ms. n" 85.]

Jeanne d’Albret, que Francois Jer faisait clever au Plessis-lez- Tow’s.