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DE LA REINE DE NAVARRE.

vous que pour moy : car, en gardant l’auctorité de vostre previlaige d’Alençon, vous sauvez quinze mille livres de rente, qui s’en alloient en grant branle de retourner aux héritiers’; ce dont ils ont secretement cherché les moyens, comme j’espère une fois vous dire. Vous suppliant croire, Monseigneur, que ne vous pouvant aultrement rendre la grace que vous me faites, je m’acquiteray si bien à faire l’execusion de ceux qui seront chargés par le procès des commissaires, que je vous rendray l’honneur que vous me faites, en m’acquittant selon vostre vouloir ; en sorte que l’on connoistra que tout ce qui peult estre en moi ne taiche que à honorer la nature, l’exemple et la nourriture prise de vous, tant en vostre foy que en vostre zele. Et afin, Monseigneur, que la vérité puisse pour vous et pour moy desmentir tout le monde, je vous supplie escripre aux gens tenant vostre eschiquier à Alençon, que, tous affaires lessés, ils ayent à vuider les choses concernant l’honneur de Dieu, et dovner ordre que tous ces propous cessent, tant des meschans scandaleux, que aussy des faulx accusateurs. Vous avez en l’échiquier quatre conseilliers de vostre cour de Paris ; deux de la cour de Rouen, et deux du grant conseil, et tant d’aultres suffisans personnaiges, que vous y serez trop mieux obéy qu’ils n’ont esté bien accusés. Il vous plera, Monseigneur, me pardonner ma longue lectre ; mais vous vous monstrez si affecsionné frere, que vous me contraignez à parler De son premier mari.