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LETTRES INÉDITES

avez LETTRES INÉDITES

ne me puis garder, puis que je n’ay moyen de mieux faire, de desirer incessamment faire chose qui vous soit agréable service. Et puisque pour cete heure Dieu ne m’en permet l’occasion selon ma voulenté, si ay je pensé en quoy roy de Navarre et moy nous vous puissions mains donner de charge : c’est, Monseigneur, pour le mariage de sa seur, à qui tant fait d’honneur que de souvent vous en estre soulcié pour la mettre en lieu grant et honorable ; dont à jamais elle et nous vous devons très humbles mercis. Mais, Monseigneur, voyant tant de charges que vous avez et tant d’importuns qui vous rompent la teste de tels propous, j’envoye ce porteur devers vous, qui est vostre nourriture, pour vous dire la prière que, sous vostre bon plaisir, nous fait M. de Rohan et son oncle l’arcevesque de Lyon, qui, pour le desir qu’il a à ce mariage, desire faire tout l’avantaige qu’il pourra à ma seur, esperant par là trouver vostre bonne grace, coume, s’il vous plest, Monseigneur, vous entendrez par ce porteur et les raisons qui me meuvent à me haster de vous supplier nous vouloir coumander vostre bon plaisir, dont la principale est pour vous descharger d’une orpheline qu’il vous a pleu recevoir pour fille, après la mort du père et de la mère ; qui a desja tant attendu, qu’elle s’en va si maladiſve que je ne voy pas

qu’elle soit pour porter grant travail ny vous fere service en lieu qui soit loing. Et s’il vous plest, Monseigneur, vous contenter qu’elle soit en ce lieu, vous la logerez selon son vouloir et en maison qui est vostre. Vous en commanderez ce qu’il vous plaira, et en