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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES LETTRE LXVIII.

AC ROI. (Entre 1527 et 1531.) Monseigneur, je ne lesseray pour les lectres de Madame de vous assurer de sa bonne santé, ce que, jusques à aujourd’huy, ne vous eusse ousé escripre, pour ce qu’il n’a esté jour qu’elle ne se soit plainte de sa goutte. Mais hier qu’elle prist sa médecine, tout son mal se passa, dont la seule occasion n’a esté que les bonnes nouvelles qu’elle a de vous ; et du soir qu’elle a receu vostre lectre, elle est du tout fortifiée, estant seure de vostre entière guerison, dont je loue Nostre Seigneur de tout mon cueur. Monseigneur, je ne craindray de vous supplier n’estre mal content de la longue demeure que fait le roy de Navarre contre sa voulonté ; car despuis qu’il partist d’avecques vous, a eu une douleur de dents importable ; et sans le repous du bateau, je croy qu’il eust eu pys :

car depuis que nous partismes de Villeneufve-Saint-George,

je le vis en sorte et la gorge si enflée, que nous eusmes peur de l’esquilencie. Mais despuis s’est bien trouvé, et fust retourné devers vous, sinon que les médecins ont supplié Madame ne luy donner congié jusques à ce qu’il ait pris médecine ; ce qu’il a accordé pour s’en aller bientoust vers vous. J’ay bien onsé prendre la hardiesse de vous fere son escuse,