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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES LV

WWW LETTRE LXIII.

AU ROI. (Avant septembre 1531.) (Le Roi, à ce qu’il paraît, avait reproché à sa sąur un mot dont elle se justifie en l’expliquant.) Monseigneur, vous savez bien qu’il n’est pas en ma puissance de vous pouvoir riens non seulement celer, mais dissimuler, car toute ma vie, j’ai parlé à vous sans avoir regart à nule crainte, vous desclairant mon vouloir, priveement coume à mon frère, recevant vostre coumandement et conseil coume de mon père et de celuy que je tiens tout ce que je puis espérer et desirer d’avoir en ce monde ; pour le service duquel j’ay estimé liberté le sacrifice de ma voulonté, ma vie heureuse, et ma mort glorieuse. Mais, Monseigneur, si j’estois si indigne que Dieu me vousist jusques là nyer la

fin de mon intencion qu’il feust possible qu’elle feust de vous ingnorée, et que mon obéissance pour l’amour de vous voulontaire portast ung si contraire effet que de mettre en vostre pensée ce dont la mienne a tousjours esté si loing que seulement en ouyr parler ne se peult endurer sans importable paine, de laquelle, Monseigneur, je vous supplie très humblement ne me laisser plus soustenir le purgatoire, et me faites cet honneur de penser que si j’ay aultrefoys dist que je