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DE LA REINE DE NAVARRE.

( ? 1527 ou 1530 ?) Monseigneur, la grace qu’il plest à Nostre Seigneur de nous faire de vous donner tel amendement que je le croy estre parfaite guerison, est si grande, que vous pouvez penser quel plesir c’est à ceux qui jusques ici n’ont estimé leur vie que langueur, desirant de revoir en vous cete santé qui donne vie et force à toute la chrestienté et à nous entière félicité. Vous savez bien, Monseigneur, quelle joye le cueur de Madame en sent, voyant l’effet de sa continuelle prière envers Dieu, où gist sa resurrection. Car sans vostre lectre, elle s’en alloit tumber malade. Quant est de moy, Monseigneur, Babou’en sera tesmoing que je puis dire avecques Sainte Élizabeth : si toust que j’ay veu vostre parole, mon enfant a bien monstré sine de joye ; en sorte que le repous que pour ma santé estois contrainte de prendre sus jours, est tourné en ung dormir de contentement, qui me rent assez saine

pour me lever et de tout mon cueur louer celuy à jamais qui à la fin ne nous a obliés, quelque tribulacion qu’il nous envoye. Le suppliant plus que jamais Babou de la Bourdaizière qui faisait souvent l’office de courrier, soit en Espagne, soit en France.