Page:Marguerite de Navarre - Nouvelles Lettres, éd. Génin, 1842.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée
90
LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES LETTRE XLV.

AU ROI. (Commencement de novembre 1527.) Monseigneur, l’aise a esté si grande en cete compaignie des nouvelles que bien au long nous ont escript M. le prevost’et baillif Robertet de la prise de Pavie’, que je ne le vous puis escripre. Car quant je pense l’ennuy que Madame et tous ceux qui vous ament ont porté à cause de cete place, il me semble que maintenant Nostre Seigneur leur veult recompenser leurs larmes en consolacion, voyant que M. de Lautrec, en continuant son voyaige, rend l’Empereur plus aisé à nous fere le plesir que sans force il devroit chercher. Car sa nécessité est bien si grande que, si celle de nostre amour ne la passoit, il nous devroit demander ce que nous lui requérons. Mais celuy qui connoist que en toustes choses avez usé d’honnesteté et de raison plus que d’aultres moyens qui vous estoient assez possibles, vous donnera à connoistre que sa bonté est aussy grande à vous rendre l’ennuy passé en joye, que sa puissance a esté de le vous donner. Par quoy, Monseigneur, ne vous pouvant faire plus grant service que

de le louer des graces qu’il vous donne, et ’Le prévòt de Paris, Delabarre. · Pavie fut prise par Lautrec, au mois d’octobre 1527. La ville ful impitoyablement saccagén.