fait espérience de sa fidélité, vous ont tousjours dist que, pour une veuſve estrangière au pays, elle a fait plus que son possible ; qui sont choses que, je suis seure, n’oublierez. Et veu, Monseigneur, que à vos ennemys vous pardonnez, à ceux qui ont l’honneur d’estre de vostre sang et qui vous ont servy de leur pouvoir, est impossible que vous ne leur soyez père, coume la pouvre femme a du tout son esperance ; et vous plera voir que celuy qui vous en a parlé est de longtemps cherchant donner peine à leur maison’. Vous asseurant, Monseigneur, que madame se coumence à amender ; mais despuis que je vous escripvis, elle s’est tant et tant trouvée mal, que je ne vous en ay riens ousé mander. Encores a elle estreume foiblesse.
Monseigneur, quant à ce qu’il vous a pleu me fere le bien de m’escripre, entendant vostre intencion, tout a esté fait si bien que vous aurez cause de vous en contenter ; car je ne puis avoir plus grant bien que de penser fere chose qui me ramentoive à vostre bonne grace, de laquelle n’a maindre seureté que
très humblement s’y recoumande
Vostre très humble et très obéissante subjecte MARGUERITE.
et seur (Ms. n° 52.]
’ « S’il plaisoit au Roi entendre M. de Lautrec, sans du tout croire ceulx qui de longtemps ont desiré ruyner la maison de Montferrat, il feroit grant honneur et bien à ceste pouvre femme. Je luy en escrips ung mot. » (T. I, p. 228.) On voit par là que les deux lettres furent écrites le même jour.