Les auditeurs par mes doux chants,
Mais par crys, voyant enfouyr
Ceux qui n’ont peu ne ſceu fouyr
La mort par les glaives trenchans.
Ie pleure par villes & champs,
Ie hulle, ie plaings & ſoupire,
Dont le meſchant Roy des meſchans
A mys mes enfans au martyre.
Ie ſuis Rachel triste & marrye,
Qui pleure en la triste patrie,
Qui de mes enfans feut partage.
Pleurez, Ioſeph, ie vous en prie ;
Et que Beniamin couſin crie
Ses enfans mortz par grand outrage.
O Bethleem, doux heritage,
Tu leur estois maiſon de pain,
Et nourriſſois ce beau lignage :
Làs, ilz n’y ſont pas mortz de faim.
Point conſoler ie ne me veux,
Quand tous mes enfans & neveux
Ie ne voy plus, car plus ne ſont.
Si par ſacrifice ou par vœuz
Pouois l’esprit en leurs corps nœufz
R’appeller du lieu treſprofond,
I’en ferois prou : car mon cœur fond
De douleur, voyant que remede
Page:Marguerite de Navarre - Marguerites de la Marguerite des princesses, tres illustre royne de Navarre, tome 1 (1547).pdf/306
Cette page a été validée par deux contributeurs.
300
DES INNOCENTS.
N’y a