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DES INNOCENTS.
LA PREMIERE FEMME.

Eſt il plaiſir à l’arbre que de voir
La cauſe & fin de ſa creation ?
Et à la femme eſt il en ſon pouoir
De n’aymer bien ſa generation ?
C’eſt ſon beau fruit, ſa conſolation,
Pour qui tous fruitz & animaux ſont faitz.
O mon enfant, ceste dilection
Ioyeuſement me fait porter tous faix.

LA II. FEMME.

Il n’eſt ennuy que la femme n’oublie,
Quand elle voit que le hault Createur
De tel honneur l’a ainſi anoblie,
Que l’ouurouer elle eſt du grand facteur ;
Dedens lequel luy de tout bien aucteur
Forme l’enfant à ſa ſimilitude.
Seigneur, ſoyez de luy conſeruateur,
Car de bon cœur i’en prens ſolicitude.

LA III. FEMME.

Ie dois aymer, & ne m’en puis garder,
L’os de mes os, & la chair de ma chair ;
En le voyant, ie me peux regarder ;
Son pere außi, c’eſt vn threſor bien cher.
Qui te voudroit, enfant, par mal toucher,
I’aymerois mieux la douleur endurer ;
De te ſeruir ie ne me peux faſcher,

Mais